"dépendance à l'égard de la métaphore"
Selon Bouveresse, la philosophie continentale a une tendance à la sur-utilisation de la métaphore, c'est-à-dire l'utilisation de termes ou de concepts dans un sens qui diffère de leur sens littéral ou usuel. Il soutient que cette dépendance à l'égard de la métaphore rend la philosophie continentale inutilement obscure et ambiguë.
Bouveresse critique l'usage excessif de la métaphore car il considère que cela peut mener à des interprétations multiples et souvent contradictoires, ce qui rend difficile de dire ce que l'auteur voulait vraiment dire. Il soutient que la clarté et la précision sont essentielles dans la philosophie, et que l'usage excessif de la métaphore est une entrave à ces objectifs.
C'est une critique assez courante de la philosophie continentale par les philosophes analytiques, qui valorisent généralement la clarté, la rigueur et l'analyse logique. Les philosophes continentaux, en revanche, peuvent voir dans la métaphore et dans d'autres formes de langage non littéral une manière d'explorer des aspects de l'expérience humaine qui ne sont pas facilement accessibles à une analyse purement logique.
Jacques Bouveresse, en tant que philosophe influencé par la philosophie analytique, critiquait l'usage excessif et obscur de la métaphore dans la tradition continentale. Il a souvent cité des figures comme Jacques Derrida, Gilles Deleuze, et Friedrich Nietzsche comme étant coupables de cette tendance.
Voici quelques exemples de métaphores et de langage figuratif utilisés par ces philosophes, qui pourraient être critiqués pour leur manque de clarté ou leur ouverture à des interprétations multiples :
Jacques Derrida : Le concept de "différance" est central dans la philosophie de Derrida. Il est conçu comme une métaphore pour la façon dont le sens n'est jamais complètement présent dans le langage, mais est toujours en train de se déplacer et de se différer.
Gilles Deleuze : Dans son travail avec Félix Guattari, "Mille Plateaux", ils utilisent le concept de "rhizome" comme une métaphore pour une structure non-hiérarchique et non-linéaire qui peut se connecter à n'importe quel autre point.
Friedrich Nietzsche : Nietzsche a souvent utilisé des métaphores pour exprimer ses idées. Par exemple, il décrit la morale traditionnelle comme un "esclave" qui se révolte contre le "maître" de la volonté de puissance.
Bouveresse critiquerait probablement ces métaphores pour leur manque de précision conceptuelle, leur ouverture à des interprétations diverses et conflictuelles, et la façon dont elles peuvent obscurcir plutôt que clarifier les problèmes philosophiques. Il a fait valoir que ce type de langage métaphorique peut rendre plus difficile la tâche de comprendre et de critiquer les arguments philosophiques, et que les philosophes devraient donc s'efforcer d'être aussi clairs et précis que possible.
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