"la connaissance métaphysique, bien que limitée, était possible"
Selon Kant, la métaphysique traditionnelle qui prétend connaître des choses au-delà de notre expérience possible, comme Dieu, le monde en totalité ou l'âme humaine en tant que substance immortelle, est impossible. Ces "choses en soi" ne sont pas accessibles à notre sensibilité, et donc ne peuvent être connues.
Cependant, ce que Kant propose à la place est une "métaphysique critique". C'est une métaphysique qui ne prétend pas connaître des choses en soi, mais se concentre plutôt sur l'examen des conditions de possibilité de notre expérience et de notre connaissance.
Cette métaphysique critique se divise en deux parties principales: l'esthétique transcendantale et l'analytique transcendantale.
L'esthétique transcendantale examine les conditions de la sensibilité. Kant y soutient que toutes nos intuitions sont nécessairement spatiales et temporelles. En d'autres termes, toutes nos expériences se situent dans l'espace et le temps. C'est une sorte de connaissance métaphysique, car elle concerne les conditions fondamentales de notre expérience sensible.
L'analytique transcendantale examine les conditions de l'entendement. Kant y soutient que notre entendement impose une certaine structure à notre expérience grâce à ce qu'il appelle les "catégories", comme la causalité, la substance, l'unité, la pluralité, etc. Encore une fois, c'est une sorte de connaissance métaphysique, car elle concerne les conditions fondamentales de notre pensée et de notre compréhension du monde.
Ces deux parties de la métaphysique critique forment ensemble ce que Kant appelle sa "métaphysique des phénomènes". Il soutient que nous pouvons avoir une connaissance certaine des phénomènes (les choses telles qu'elles nous apparaissent), mais pas des noumènes (les choses en soi).
Dans la "Critique de la Raison Pratique", Kant continue à développer ses idées sur les noumènes, mais cette fois dans le contexte de l'éthique plutôt que de la connaissance théorique.
Kant soutient que, bien que nous ne puissions pas connaître directement les noumènes (les choses en soi) par notre raison théorique, notre raison pratique (c'est-à-dire notre capacité à agir de manière morale) nous donne un certain type d'accès à eux.
En particulier, Kant croit que l'idée de liberté, qui est fondamentale pour sa philosophie morale, nous permet de concevoir de nous-mêmes comme des noumènes. Alors que notre connaissance théorique nous oblige à nous voir comme des phénomènes (c'est-à-dire comme faisant partie du monde naturel déterminé par des lois causales), la liberté nous donne l'occasion de nous voir comme des noumènes, qui agissent selon les lois de la raison plutôt que les lois de la nature.
Dans ce contexte, la "métaphysique des noumènes" pourrait être comprise comme l'étude de nous-mêmes en tant que noumènes - c'est-à-dire en tant qu'agents libres qui agissent selon des principes moraux. Cependant, il est important de noter que cette compréhension de nous-mêmes n'est pas une connaissance théorique au sens habituel; elle est plutôt une sorte de connaissance pratique qui guide notre action morale.
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