Chapitre 4 : L'essai démarre

L'horloge affichait 1h23 du matin lorsque Anatoli donna le feu vert pour débuter l'essai. Les opérateurs, épuisés par les heures passées à surveiller et ajuster la puissance du réacteur, se préparèrent à franchir le point de non-retour.

Igor, le regard déterminé, activa les vannes d'alimentation en vapeur de la turbine, coupant ainsi l'arrivée de vapeur. Cela aurait pour effet de réduire la puissance de la turbine et, par conséquent, la puissance du générateur.

La température du cœur du réacteur commença à augmenter rapidement, provoquant une hausse de la réactivité. Le réacteur se mit à diverger de manière incontrôlable, la puissance augmentant à un rythme alarmant.

Les opérateurs réalisèrent alors la gravité de la situation. Les alarmes retentissaient, les lumières clignotaient frénétiquement et les écrans affichaient des données chaotiques.

"Anatoli, nous perdons le contrôle du réacteur !", cria Igor, la panique se lisant sur son visage.

Les autres opérateurs échangeaient des regards effrayés, comprenant que leur pire cauchemar était en train de se réaliser.

Anatoli, tentant de garder son sang-froid, prit une décision cruciale : il ordonna l'arrêt d'urgence du réacteur.

"Arrêtez immédiatement le réacteur !", hurla-t-il, conscient que chaque seconde était précieuse.

Les opérateurs s'exécutèrent, abaissant la totalité des barres de contrôle dans le cœur du réacteur. Cependant, la réaction en chaîne était devenue trop rapide et les barres n'eurent pas le temps de stopper la divergence.

À 1h23'44", le pic de puissance fut atteint, dépassant de plus de 100 fois la puissance nominale du réacteur. La radiolyse de l'eau, due à l'exposition aux radiations, provoqua la formation d'un mélange détonant d'hydrogène et d'oxygène.

Dans la salle de contrôle, les opérateurs, terrifiés, étaient impuissants face à la situation qui leur échappait. Leur destin était désormais scellé, et ils ne pouvaient qu'attendre, en proie à la peur, l'issue tragique qui se profilait.